Président,
Au nom de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni, je souhaite exprimer notre gratitude au directeur général Grossi pour son récent rapport, mentionné dans le document GOV/2023/8, ainsi qu'au directeur général adjoint Aparo pour son exposé technique.
L'E3 apprécie les rapports objectifs de l'Agence sur le programme nucléaire iranien et demande instamment au directeur général de tenir le Conseil informé de toutes les activités et de tous les développements qui nécessitent des éclaircissements de la part de l'Iran. Nous exprimons notre gratitude pour le travail dévoué et impartial de l'Agence, en particulier pour ses inspections des installations iraniennes.
Il convient de noter qu'après des discussions entre le directeur général et le vice-président Eslami, une déclaration commune a été faite le 4 mars, dans laquelle l'Iran a accepté "sur une base volontaire" de "permettre à l'AIEA de mettre en œuvre d'autres activités appropriées de vérification et de surveillance". En outre, dans son rapport GOV/2023/8, le directeur général a mentionné que l'Iran a consenti à faciliter une augmentation de la fréquence et de l'intensité des activités de vérification de l'Agence.
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🇬🇧 DEMANDER UN VISA UK ETA ICINous avons l'intention de demander à l'Iran de rendre compte de l'exécution rapide et complète de ces actions convenues, compte tenu de l'escalade grave et de plus en plus alarmante de son programme nucléaire. Ces actions ont encore éloigné l'Iran des engagements qu'il a pris en 2015. Le directeur général rapporte que :
- L'Iran a continué d'accroître ses stocks d'uranium enrichi 5%, 20% et 60% à des niveaux sans précédent. Le stock d'uranium enrichi 60%, qui pose d'importants problèmes de prolifération, a désormais dépassé les deux quantités significatives de l'AIEA, c'est-à-dire la quantité à partir de laquelle la possibilité de fabriquer un engin explosif nucléaire ne peut être écartée.
- L'Iran continue d'installer de nouvelles cascades de centrifugeuses, y compris des modèles avancés, en quantités substantielles. Nous sommes particulièrement préoccupés par les annonces de l'Iran concernant l'installation de centrifugeuses et de cascades avancées supplémentaires à l'usine d'enrichissement de combustible de Fordow, ce qui augmenterait considérablement la capacité d'enrichissement de l'Iran dans cette installation souterraine jusqu'à présent secrète. L'Iran n'a aucune raison civile valable de mener un programme d'enrichissement à Fordow, car l'installation n'est pas adaptée à des activités d'enrichissement civil dignes de ce nom.
- Nous exprimons également nos vives préoccupations concernant les travaux substantiels sur l'uranium métal précédemment indiqués, ainsi que les gains irréversibles en matière de connaissances essentielles qui y sont associés. Nous demandons instamment à l'Iran de ne pas s'engager dans d'autres activités liées à la production d'uranium métal. En outre, une nouvelle question est apparue concernant un écart détecté il y a près d'un an entre la quantité d'uranium naturel déclarée par l'Iran en provenance de JHL et celle vérifiée par l'Agence. L'Iran doit clarifier cette question sans délai.
L'E3 est particulièrement alarmée par le récent échantillonnage à Fordow, qui a détecté des particules d'uranium enrichi à 83,7% U-235. Cette découverte ne correspond pas du tout au niveau d'enrichissement déclaré par l'Iran, qui doit encore nous persuader que cela est dû à ses prétendues "fluctuations involontaires". Nous demandons à l'Iran de coopérer pleinement avec l'Agence et de fournir des explications techniques crédibles sur l'origine de ces particules. Ce niveau d'enrichissement sans précédent de 83,71 TTP3T d'U-235 constitue une grave escalade, parallèlement à l'accumulation d'uranium hautement enrichi jusqu'à 601 TTP3T et à l'expansion continue des capacités d'enrichissement de l'Iran. Il n'existe aucune justification civile crédible à un tel enrichissement en Iran. Cette étape, ainsi que le programme nucléaire plus large de l'Iran, rapproche dangereusement l'Iran d'activités liées à l'armement et met à mal ses affirmations selon lesquelles son programme nucléaire est uniquement destiné à des fins pacifiques. Nous soutenons le directeur général dans sa volonté de maintenir des rapports réguliers et complets sur cette question.
Nous sommes également très préoccupés par les modifications apportées par l'Iran à la configuration des centrifugeuses à Fordow sans notification préalable à l'AIEA, quelques heures seulement après que l'Agence a procédé à une inspection du site le 16 janvier. Comme l'a confirmé l'AIEA, cette action est incompatible avec les obligations de l'Iran au titre de son accord de garanties généralisées et entrave la capacité de l'Agence à mettre en œuvre des mesures de garanties efficaces dans les installations nucléaires iraniennes. De plus, nous voudrions réitérer que la fourniture par l'Iran d'un DIQ révisé et la facilitation de l'augmentation des activités de vérification de l'Agence au FFEP ne répondent pas entièrement à nos préoccupations. L'Iran continue d'utiliser une configuration qui permet de produire rapidement des matières hautement enrichies bien au-delà de 60%, comme le montre la présence de particules enrichies à 83,7%.
Le directeur général déclare dans son rapport que la décision de l'Iran de cesser de coopérer avec les activités de surveillance et de vérification convenues dans le JCPoA implique que l'Agence ne sera plus en mesure de rétablir la continuité des connaissances, même en cas de reprise complète du JCPoA. Le choix de l'Iran de démanteler les équipements de surveillance et de contrôle de l'Agence a des effets préjudiciables sur la capacité de l'Agence à garantir la nature pacifique du programme nucléaire iranien. Nous demandons à l'Iran de réinstaller tous les équipements nécessaires, comme déterminé par l'AIEA, et de permettre la surveillance et la vérification de son programme nucléaire, comme convenu dans le JCPoA. Il est essentiel que l'Iran mette en œuvre dans les délais la déclaration commune entre l'AEOI et l'AIEA afin de permettre à cette dernière de poursuivre ses activités de vérification et de contrôle. L'Iran devrait prendre les mesures nécessaires pour fournir à l'Agence les informations essentielles pour rétablir la continuité des connaissances, qui est devenue de plus en plus critique compte tenu de l'escalade des actions de l'Iran.
Président,
L'ensemble des conclusions du rapport du directeur général est alarmant : L'Iran poursuit son escalade nucléaire grave et sans précédent. Il n'existe aucune justification civile crédible en Iran pour ces actions, qui sont en contradiction flagrante avec les engagements pris dans le cadre du JCPoA. La présence de particules d'uranium enrichi jusqu'à 83,7% U-235 à Fordow, signalée par l'Agence, constitue une étape importante dans l'escalade et suscite des inquiétudes extrêmement graves, tout comme l'accumulation continue d'uranium hautement enrichi. L'escalade nucléaire continue de l'Iran intensifie l'examen des motivations de son programme nucléaire, qui constitue une menace évidente pour la sécurité régionale et mondiale.
Nous soutenons fermement le directeur général dans sa volonté de maintenir des rapports réguliers et complets sur cette question. Nous regrettons vivement que l'Iran n'ait pas accepté les propositions équitables et équilibrées présentées par le coordinateur du JCPoA en mars et en août derniers et qu'il ait au contraire choisi d'intensifier son programme. L'Iran porte l'entière responsabilité de cette situation. Nous demandons instamment à l'Iran de cesser immédiatement son escalade nucléaire et de faire preuve d'une transparence totale à l'égard de l'AIEA en redemandant l'application du protocole additionnel, qui constitue une mesure de confiance essentielle. Nous rappelons également qu'en vertu de son accord de garanties généralisées, l'Iran est légalement tenu de mettre en œuvre le code modifié 3.1. et ne peut unilatéralement en modifier l'application ou s'en retirer.
Président,
Nous poursuivrons les consultations avec les partenaires internationaux sur la meilleure approche à adopter face à l'escalade nucléaire persistante et dangereuse de l'Iran. Nous demandons au directeur général de tenir le conseil des gouverneurs informé avant le conseil de juin et de fournir des mises à jour plus tôt si nécessaire ; nous demandons également que ce rapport soit rendu public.
Nous vous remercions.